Sayuki: son passé, son présent, son avenir : la main noire.
La légende
Il y a de cela fort longtemps, sur une île perdue, un peuple souffrait terriblement. Pourtant, le chemin vers la civilisation n'était pas particulièrement long... du moins... Une fois que la montagne au sud du village eut été creusée... Loin d'être né sur une île perdue, le village se trouvait à l'extrême nord de Raven's Dust... Sur sa façade la plus inhospitalière et la plus reculée... Un lieu ou les arbres et les plantes s'accrochaient à la vie aussi désespérément qu'un nourrisson espérait l'amour de ses parents... Ou le soleil apportait des chaleurs plus qu'incommodantes le jour, et un froid de mauvais augure la nuit pour qui s'y perdrait... Mais en tout temps une luminosité telle que pour s'y adapter, les habitants avaient peu à peu changé... Yeux bridés pour résister aux assauts incessants du soleil... Teint plus sombre que celui de celui de Goldmoon, allant du doré léger à l'olive sombre, pour ne pas brûler, tenues couvrantes et colorées le jour, de tissus assez léger et très typé, sombre et proches du corps lorsqu'il leur fallait s'entraîner à la nuit tombée. Le principal ennemi de ce peuple était la faim, une faim terrible, les meilleures années, la terre fournissait à peine de quoi nourrir les familles, les plus mauvaises... Devenaient pour les habitants promesse d'une longue souffrance.
Pour palier à ces manques... Les années de disette voyaient chaque fille amenée à naître et la moitié des garçons 'renvoyés à la maison', façon plus humaine d'expliquer leur sacrifice... Quelle mère aimerait se dire qu'elle a donné son enfant à dévorer aux crabes et aux requins...
La vie était rude, les lois du village strictes, pour les quelques enfants, la vie était encore plus difficile, à condition bien sur, qu'ils survivent aux premières années. Ce qui démarquait cette minuscule île, c'était la solidarité qui unissait ses habitants. Pourtant, un jour, un nouvel arrivant allait changer leur vie radicalement.
Un beau jour, un homme est arrivé chez eux, porté par les flots furieux. Cet homme était différent d'eux. Il était aveugle, détrempé, maigre, pourtant, les quelques mots qu'il avait prononcés alors avaient suffit à imposer le respect à ses sauveteurs. Malgré les nombreuses tentatives, nul n'est jamais parvenu à lui arracher le secret de ses mésaventures. Pourtant, ce village si pauvre sur une île qui ne l'était pas moins ne rejeta pas l'étranger, qui fut soigné, veillé, protégé comme chaque habitant l'avait toujours été. Ces bons soins finirent par briser en partie la carapace que l'homme s'était construite afin de ne jamais montrer ce qu'il était...
Évoquant pour s'expliquer que leur condition lui faisait pitié, cet homme se mit à enseigner aux plus jeunes habitants les arts qui étaient les siens... L'art de semer la mort... L'art d'entendre ce que nul n'aurait jamais du entendre... L'art de faire sien le bien d'autrui...
Il devint le premier maître d'une organisation qui serait connue sous le nom de la main noire... Le premier d'une longue série.
Le leitmotiv de cette organisation ? Rendre aux hommes les services qu'ils ne pouvaient se rendre à eux-mêmes. Un homme dérangeant pour atteindre la position souhaitée ? Contre rémunération, cet homme disparaissait. Une information cruciale ou un bien à récupérer ? Contre finance, la première était entendue le second récupéré...
Ainsi, le village pu peu à peu retomber sur ses pattes, et les enfants cesser d'être sacrifiés afin de permettre au plus grand nombre de survivre. Bien sur, cela n'offrait pas l'opulence, mais au moins, une vie correcte et digne à tout un chacun.
Les générations passèrent, et peu à peu, tout le village devint membre de cette organisation, si bien qu'un maître sur le déclin pût choisir un héritier qui lui semblait digne de sa place. Les jeunes gens à partir de quinze ans étaient ainsi formés pour ce futur possible...
Sayuki : son passé.
Voilà de cela vingt-cinq années environ, le maître de ce village fut mandé pour une mission de la plus haute importance. Du moins l'était-elle pour l'employeur. L'objectif en était simple : éliminer l'homme qui l'empêchait de prendre du galon, ainsi que son épouse. Mission usuelle pour cet homme, et comme toutes celles qu'il avait acceptée, cette mission fut menée à son terme... Cependant...
Alors qu'il rependait sur les lieux l'huile qui servirait à changer la demeure en immense brasier, des cris le prirent par surprise. Dans une minuscule alcôve, une toute jeune vie venait de s'éveiller, sans aucun doute affamée, pour réclamer de ses pleurs la pitance qui lui permettrait de subsister et de grandir. Bien sur, dans le cadre de cette mission, Sofu, car tel était son nom, aurait du û'éliminer, bien sur, il aurait du faire, il fit le choix d'emporter l'enfant avec lui. Son employeur fut satisfait, il ignorait probablement l'existence de l'enfant puisque jamais il n'en fit mention.
Ce maître prit l'enfant sous son aile, la meilleure preuve fut qu'il lui donna un nom : Sayuki. Pendant bien des années, il se chargea de son éducation, aidé en cela des femmes les plus dignes du village. L'enfant fut ainsi formée aux arts nobles du village, souvent destinés aux femmes, mais aussi... Aux arts de la main noire, et ce, bien avant l'âge de ses quinze ans. Sofu se plaisait souvent à lui dire, lorsqu'elle rechignait à l'exercice :
.'Les enfants du village sont formés bien trop tard, il est alors un abîme à combler avant de pouvoir réellement les former, mais toi, tu seras différente, tu seras le produit des efforts d'un maître de la main noire mais aussi des femmes de ce village, celles qui ont si souvent du se sacrifier pour son bien... Tu seras la meilleure, l'œuvre que le premier maître aurait souhaité réaliser de ses propres mains.'
Les années passèrent, et l'enfant devint une adolescente, puis une femme ravissante. Le poids des années faisait également son œuvre sur le maître, sur cet homme qui lui avait tout appris. Aussi prit-il la décision, avant de la voir partir pour une mission qu'il savait être dangereuse, de lui expliquer le passé qu'elle ignorait, cette part d'ombre qui nimbait le début de sa vie.
Il lui conta également les légendes entourant la main noire, entourant le village, légendes sur lesquelles ils avaient pu survivre grâce à leurs arts, légendes qui expliquaient le pourquoi de leurs choix.
Il lui conta également le fonctionnement exact de la main noire, ainsi que chaque maître le faisait pour son successeur, ainsi, chaque génération conservait dans sa mémoire ce passé difficile et cet homme qui avait changé les choses.
Il la fit également dépositaire des règles régissant la main noire. Elle se devait de les connaitre à la fois en tant que maîtresse de l'ordre, mais aussi et surtout... En tant que sa fille, que son œuvre la plus belle.
Elle ignorait alors qu'elle ne pourrait revenir vers les siens avant un bien long moment...
La main noire : ses règles.
Règle prioritaire : ne jamais être vu en train de pratiquer son art, ne jamais laisser les victimes se faire entendre et plus que tout, ne jamais laisser de témoins derrière soi sauf si cela fait partie de la mission ou que le grand-maître en fait la demande !
Règle première : jamais le nom d'un des membres de notre ordre ne donnera, qu'importent les circonstances. Tout traître à l'ordre devra être éliminé au plus tôt après avoir reçu sa dernière leçon.
Règle seconde : un contrat accepté à terme se devra d'être mené. Sous aucun prétexte, il ne pourra être changé ou modifié SAUF si le grand-maître en donne l'ordre, auquel cas son ordre est prioritaire sur tout contrat !
Si un membre venait à faillir à cette règle, chaque membre de l'ordre recevrait alors un couteau de bois dont le manche contiendrait toutes les informations sur le dit membres afin de 'laver' l'affront fait à l'ordre de la main noire.
Règle troisième : à tes supérieurs de l'ordre, tu obéiras sans discuter, si tant est que les ordres soient clairs et non destinés à te causer du tort.
Règle quatrième : une part de la récompense pour toi gardera, le reste pour les nécessiteux donnera.
Règle cinquième : ton art, jamais, n'utilisera à des fins personnelles, de ce fait, toute action se devra d'être entreprise dans le cadre de la main noire, et avec l'accord du grand-maître.
Règle sixième : jamais entre membres de l'ordre la violence ne sera tolérée. De même qu'un membre dans le besoin, tu te devras d'aider.
Règle septième : sous couvert d'un masque rencontres et missions seront menées. Un membre de la main noire pris au piège n'a que peu de chances d'en réchapper.
Règle huitième : lorsqu'un membre sent qu'il ne parviendra pas à réussir sa mission, ou qu'il se fait trop vieux, ou encore qu'il refuse de finir prisonnier, il peut envoyer à un membre de la main noire son carnet de route scellé de sa marque propre.
Par ce geste, il demande au destinataire de mettre fin à ses jours, mais aussi de perpétuer son travail. Le destinataire ne peut refuser la demande d'assassinat, mais peut refuser de continuer l'oeuvre du mort, en brûlant devant témoins le carnet qu'il aurait ainsi reçu.
La main noire : son organisation.
La main noire se présente sous une forme très structurée, connue de ses seuls membres.
Le grand-maître : il est celui qui a enseigné aux autres, aussi celui qui est le plus apte et le plus sage. Ses décisions ne peuvent en aucun cas être discutées, sinon afin de les accomplir. Son pouvoir sur l'ordre est total, il connaît et forme chacun au mieux. Il fournit les poisons, filtres, toxines, toxiques, soporifiques, paralysant et venins dont la demande lui aura été expliquée avec netteté.
Le maître assassin : il est celui qui a prouvé que son art de l'assassinat est sans égal. Il dirige la branche destinée à l'assassinat et à la traque des cibles. Il connaît les venins et poisons indispensables, et est également entraîne à leur résister afin d'éviter les tentatives d'élimination par ce biais. Il tient son savoir du grand-maître, et dispatche ses subordonnés comme il l'entend. Il se doit de faire rapport des faits et gestes des siens au grand-maître régulièrement. De plus, en cas de vote pour une décision, il disposera comme tout maître de deux voix.
Le maître espion : il est celui qui par sa ruse et ses aptitudes a prouvé qu'il était capable d'obtenir n'importe quelle information par n'importe quel moyen, sans pour autant verser le sang. Il dispose du savoir en potions de vérités et philtres d'amours, ainsi que de diverses drogues hallucinatoires. Il dispatche ses troupes comme bon lui semble, mais se doit comme le maître assassin de faire rapport régulier des avancées au grand-maître. En cas de vote, dispose de deux voix.
Le maître voleur : Il est celui à qui aucune porte fermée ne résiste, à qui l'acquisition d'un objet n'est jamais impossible. Il dispose de divers objets spécifiques de grande qualité pour mener à bien ses larcins. Il guide aussi les voleurs dans leurs tâches et en fait le rapport régulier au grand-maître. Comme les autres maîtres ; il dispose de deux voix en cas de vote.
Les assassins, espions et voleurs : membres à part entière, ils sont les plus nombreux, et sont sous les ordres de leur maître respectif. Il arrive cependant que le grand-maître fasse appel à l'un d'eux en particulier pour une mission spécifique, ou pour être entrainé en vue d'une tâche précise.
La main noire : la formation.
Première phase : se mouvoir.
Cette phase sert à former le novice dans l'art de se mouvoir par quelques exercices simples : marcher sur du parchemin détrempé sans le déchirer, se déplacer silencieusement en étant bardé de clochettes et tirer parti de la luminosité seront les principaux exercices.
Phase deux : attaquer et se défendre.
Cette phase sert à former les novices aux principales armes qui seront utilisées :
La dague, l'arc, les diverses armes de lancer, mais également le pugilat. Lors de cette phase, le novice apprend et fait sienne chaque arme qui est mise à sa disposition.
Phase trois : les artifices.
Lors de cette phase, le novice est formé à l'utilisation des divers poisons, filtres, onguents, ... Qui lui permettront de mener à bien les diverses tâches qui seront siennes. Il arrive également que le maître explique la fabrication d'un élément particulier que le novice utiliserait très souvent. Il enseigne aussi dans cette phase les plantes et animaux pouvant être utilisés afin d'obtenir venins et poisons en cas de pénurie. Est également classé comme artifices la magie, puisqu'élément très peu employé au village d'origine de la main noire.
Phase quatre : mise en situation.
Lors de cette ultime phase, le novice est mis à l'épreuve, jaugé et dirigé vers la branche qui lui conviendra le mieux. C'est aussi la fin de l'entrainement qu'il se devra pourtant parfaire.
