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Stigmates.

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Aizen
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01 mars 2016, 07:15

Il mit une alliance dans sa poche, s'habilla et se prépara avec soin avant de franchir la porte qui le mena dans la ville calme et paisible. Pour combien de temps? Aucune note, pas de lettre, non plus de signe qu'il était déjà sur le départ, sauf la démission qui le libérait de ses obligations. À quoi bon se mentir à lui-même et aux autres, il n'arrivait plus à continuer l'existence qu'il menait. Tout ce qui lui avait été cher était loin, disparu. Ses pensées ne faisaient que le hanter, jour et nuit.

Sans bruit, il quitta la civilisation et les mois passèrent.
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"La plus noble revanche est de pardonner."
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Aizen
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01 mars 2016, 07:37

L'éclair frappa et il fût aveuglé, comme de nombreuses fois. Tout ce temps passé en forêt, plus près du ciel que de la terre. Du haut de son perchoir, il vît la ville apparaître, puis disparaître. C'est ainsi songea-t-il, que les choses vont et viennent. Il regarda son sac qui contenait son armure et ses armes et soupira. Ses sourcils se froncèrent et ses lèvres s'étirèrent en un rictus mauvais, si on pouvait le voir. Il se mit à rire tout bas, sans joie, lorsqu'un craquement se fît entendre. Il tourna vivement la tête en direction du bruit, malgré la pluie qui battait et le vent qui cassait tout, il remarqua que quelqu'un passait par là. Il n'aimait guère qu'on le dérange et encore moins qu'on le surprenne là, bien que ce n'était encore jamais arrivé. Mais des intrus si on puis dire, il en avait déjà abattus quelques-uns.

Il sauta, pieds sur terre, la boue et les feuilles s'écrasèrent. La pertuisane se planta dans le sol à coté de lui et d'une main il la fît voler en un arc de cercle, trop vite pour qu'on la voie dans la nuit orageuse. Un bruit sourd, un corps qui s'écroule, une ligne de sang sur l'arbre. L'arme fût nettoyée en un mouvement sec et la pluie finit le reste du travail. Demain le corps ne serait sûrement plus reconnaissable, si des loups passaient par là avant le lever.

Aizen secoua la tête. Il marmonna quelque chose et alla chercher le sac tout là haut. Puis il s'enfonça un peu plus loin dans les bois, vers cette lueur quasi imperceptible qui émanait de la ville. Ils proviennent de là, ceux qui viennent troubler la paix, pensa-t-il. Alors soit.
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Aizen
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01 mars 2016, 19:48

Au départ, il s'était enfoncé dans la forêt et monté un campement. Mais les créatures venaient souvent et il devait rester à l'affût. Puis il changeait d'endroit à chaque pleine lune afin que quiconque ne remarque son lieu de résidence. Il préférait cette vie de nomade au faste des villes avec leurs murs épais et en avait assez des bavardages qui ne cessaient jamais dans les tavernes et autres lieux publics. On étais tranquille que chez soi et encore...

C'était ici le soleil et le feu qui le chauffait, la chasse et la cueillette qui le nourrissait. Il se posa soit dans une caverne ou en dessous d'un gros arbre. Cela suffisait. Tous ceux qui venaient le déranger passaient un mauvais quart d'heure, car malgré ses précautions, des hommes ou des femmes étaient parfois dans les parages. Il se mît alors à résider dans les branches des plus gros arbres. Avec l'armure c'était chose ardue. Il l'avait donc enlevée afin de réduire son encombrement et pouvait ainsi mieux de poser.

Cependant, ses pensées le troublait toujours. Il y avait une colère enfouie en lui qui faisait surface de plus en plus souvent. Le temps ou il fût torturé, malmené, traité comme un animal... Cela avait laissé des traces. Les stigmates de sa vie, il les portait depuis trop longtemps. Nul, ni lui-même, ne pouvaient en venir à bout. Il était rongé de l'intérieur et sa colère grandissait, irréfléchie, incompréhensible.

Un matin alors qu'il sommeillait encore sur une haute branche, des flèches vinrent se planter près de lui, ce qui le réveilla. Habitué au son des oiseaux et aux grattements des griffes des petits animaux sur l'écorce comme réveil matinal, il ne s'était pas attendu à ce que le métal fende le bois à cette heure.
C'était un jour d'été comme un autre mais cette fois, de sourds grondements accompagnaient ces flèches inopportunes, ainsi que des rires rocailleux.

C'était là qu'il les vît, tout en bas, ricaneurs, une bande d'archers habillés comme des voleurs. Des malfaisants sans aucun doute, vu leur air goguenard. C'est leur intervention qui donna le coup de grâce, elle qui fît le déclic dans l'esprit d'Aizen. C'est cela qui déclencha chez lui toute la haine et la colère jadis retenue en lui. Comme quoi il n'y a que les hommes pour détruire les hommes.

Sans protection, il sauta de l'arbre comme à l'habitude et tomba maladroitement par terre et non sur ses pieds, en jurant. Un des brigands lui flanqua une flèche dans la cuisse, mais cette douleur ne l'arrêta point. Car l'homme des bois fût debout rapidement et se rua avec élan sur celui qui l'avait atteint, les yeux du pillard s'écarquillèrent de surprise lorsqu'il mangea la première droite au visage, qui lui coupa le souffle au passage. Les autres brandirent leurs arcs, deux en tout, mais ils tremblaient. Aizen continua de défigurer le premier tandis que les autres lui criaient d'arrêter, arcs en main, mais ils semblaient figés à présent. L'homme par terre ne bougeait plus et on ne pouvait dire s'il avait encore un visage.

Pourtant Aizen continuait de le percuter de toutes ses forces, mu par une irascible rage, cognant en l'invectivant de jurons tout plus beaux les uns que les autres. Soudain il se releva et arracha les arcs des mains des autres, après quoi il les cassa, des éclats de bois volèrent dans un craquement sec. Piètre qualité faut-il dire...

Ils détalèrent en vitesse, voyant le visage barbu dans une colère démesurée, en jetant un coup d'œil à leur compagnon défiguré. Aizen remonta à l'arbre, prit ses affaires et commença sa marche matinale. Pourvu qu'il y ait du bon gibier attrapé dans ses pièges non loin. Il trouverait bien un autre refuge avant la tombée du jour.
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Héloïse
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01 mars 2016, 21:00

Grands et couvrant de larges domaines, les bois d'Althéa regorgeaient de multiples secrets. Certains parmi les plus sauvages y vivaient aussi.

Les odeurs inondaient ses narines, humus, terre, mousse, sucs, plantes, chaque senteur se trouvait accrue par chaque goutte de pluie. Les sons résonnaient, rebondissaient sur les feuilles, les branches, transperçant le silence qui s'était fait dans les bois, annonçant l'orage. Puis soudain, le craquement terrible du ciel déchiré par un éclair.
Seule comptait alors la course sous les éléments déchaînés. Partie du plus profond de la forêt, sans suivre de piste particulière, elle approchait néanmoins de la ville. Tant pis. La vague de sensation qui la submergeait alors surpassait tout. Animale, instinctive, dans un monde parfait, sans aucun perverti, aucun intrus.
Un buisson d'épines et Héloïse bifurqua juste avant de stopper net. Les odeurs, les sons avaient changé.
Un sifflement, un peu plus loin devant elle, derrière les arbres.
Un bruit sourd puis l'odeur un peu âcre du sang, portée par le vent, jusqu'à elle.
Des gredins ?
La curiosité avivée, le plaisir du danger, déjà en hauteur, prête à bondir au cas où, elle eut juste le temps d'entrapercevoir le type qui repartait. Il était rapide.

Elle l'avait déjà vu, celui-là. Jamais de près, seulement de loin.
Elle avait saboté un ou deux de ses pièges, une fois. Elle avait même achevé une bête prise pour abréger l'agonie : d'une flèche qu'elle avait laissée dans l'animal qu'il retrouverait en revenant faire le tour. Un message. Elle avait attendu dans un arbre pour voir qui venait.
Elle reconnaissait désormais sa silhouette, sa démarche. L'odeur, les traces de pas qui indiquaient le poids de ses appuis. Elle n'avait jamais vu son visage, ne s'était jamais attardée dans son sillage.
Il faudrait revenir dans quelques temps, les vêtements n'allaient pas disparaitre. Il faudrait les enlever et les brûler, si personne ne récupérait la carcasse.

Un nouvel éclair.
La course, à nouveau.
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Aizen
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01 mars 2016, 23:02

Il n'aimait pas s'attarder. Les choses il les aimait bien faites, et vite. Son premier piège à collet avait bien servi depuis quelques jours et comme il s'y attendait, un lièvre s'y était pris. Le passage était tellement marqué qu'il douta que cela fonctionne à nouveau mais il le remit tout de même, après avoir attaché son futur repas à sa ceinture, il s'en alla en direction du deuxième site. Là il fût déçu de constater l'absence de prise mais en plus, son collet n'était pas intact. Il inspecta les alentours et le site même, sans déceler quelque changement. Avec cette tempête, on ne pouvait plus se fier à rien.

Ce devait être cela qui avait détérioré son piège, se dit-il, en le replaçant le support dans le sillage, cachant le fil dans les feuilles bien comme il faut. Il haussa les épaules et repartit vers son troisième site en maugréant un peu, mâchouillant de l'oseille prise au vol. La forme sombre dans le support lui arracha un sourire en coin, mais en s'approchant sa moue changea subitement, pour laisser place à la rage qui montait.

Aucune éclaircie depuis des jours, les formes sombres dans le ciel s'amoncelaient de nouveau, il allait encore pleuvoir, encore de l'orage et toute les pistes allaient s'effacer. L'homme des bois avait laissé quelques gouttes de son sang ça et là, dans les bois. Son sillage il en était bien conscient, allait bientôt disparaître pour l'œil mal avisé. Ces pensées défilaient lentement alors qu'Aizen fixait un autre lièvre, une expression colérique au visage, il n'osa s'approcher un long moment. Immobile, ses sens à l'affût du moindre son, de la moindre odeur. Ses yeux allaient rapidement d'un coin à un autre, sur les buissons, sur le sol, dans les arbres.

Rien.

Il s'approcha du piège et elle était bien là, la flèche dans son lièvre, lui-même pris dans le collet. Un homme ou une femme était passé par-là. Achever la prise sans la prendre, un message sans aucun doute. Je sais que vous êtes là, je sais ce que vous faites, vous l'assassin des bois, je vous observe, je vous suis à la trace. Voilà ce que lui disait cette flèche. Aizen revêtit son armure en jurant silencieusement, puis s'approcha du site afin de l'inspecter d'avantage.

Il retira la flèche de la bête et la nettoya dans les feuilles humides. Puis il sortit de son sac une autre flèche, souvenir qu'on lui avait offert gracieusement. Il les compara. Pas la même, non, celle trouvée ici était de bien meilleure facture, assurément, bien qu'il ne fût pas expert en archerie. Elle ne provenait pas des incapables qui l'avait attaqué sournoisement, mais bien d'un personne plus experte en la matière sans doute. Et assez sotte pour le défier se fit il remarquer. Aussi probablement quelqu'un qui avait de la compassion pour nos amis les bêtes et remarquablement futé pour n'avoir laissé aucune trace de son passage.

Il regarda à nouveau dans les airs, mais son regard lui fût rendu par le bruissement des feuilles et le balancement des branches vides. Si elle était là, cette personne avait le don de se camoufler avec aisance. L'homme des bois remit les flèches dans son sac et accrocha le deuxième lièvre troué, mais lièvre quand même. Il décida qu'il fallait user de ruse pour s'effacer, cette fois. Son pas s'accéléra, il refit le tour des sites, prit tout le matériel et son sac s'alourdit un peu.

Dommage, la ville était proche, son désir de sang tout autant. Les meurtres avaient laissé un goût amer en lui, un sentiment de légèreté mais également, l'envie de recommencer. Puis il pensait à cet inconnu qui l'avait nargué, combien il donnerait pour s'en emparer et lui trancher la tête. Il serra les poings et bifurqua dans plusieurs directions. Déplaça des tas de feuilles ici et là, fît des pas sans suites en revenant dans ses traces, cassa des petites branches dans des chemins opposés. Il fît du mieux qu'il pouvait afin qu'un éventuel pisteur se retrouve confus, perdu ou du moins, ralenti. Il ne s'était pas aperçu que sa blessure s'était rouverte dans son empressement, aussi ne la sentait-il même pas.

Tant pis, il s'éloignerait encore un peu de la civilisation, une caverne serait l'idéal en ce moment. Il monta dans un arbre dans l'espoir d'apercevoir une montagne ou une élévation. Loin à l'est, il en était sûr, il y en aurait une, d'après la forme sombre qu'il voyait. Aussi il n'avait jamais été jusque-là. C'était à une demi-journée de marche rapide en forêt, il y aurait des ruisseaux en chemin. Et son suiveur n'aurait qu'a bien se tenir s'il voulait le suivre. Quelques jours là-bas, et il pourrait piquer sur la ville en une autre demi-journée au sud. Il accéléra de nouveau, picotement à la jambe, mais il n'y prêta guère attention.

-Qu'il me suive donc...
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Héloïse
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02 mars 2016, 01:39

Un peu plus loin, les montagnes. Une falaise, un bel endroit pour discuter avec Orion, le chasseur agenouillé, une fois la nuit noire. Bientôt, les jours se rallongeant, il se coucherait plus tôt, disparaissant du ciel ouvert à la nuit tombée. Il était encore temps d'en profiter.
Le type était déjà oublié. Presque. Il lui avait coûté une flèche, quand même. Beaucoup trop.
Au pied d'une falaise, il était facile de se souvenir de la chute de l'artherkien, un jour qu'il avait escaladé, lui aussi. Pourtant, elle ne prenait jamais le temps d'étudier le parcours, vu d'en bas. Elle préférait attaquer la paroi comme elle venait, pour se confronter à la roche prise par prise. Toujours. Quel aurait donc été l'intérêt s'il avait fallu tout prévoir à l'avance, sans s'autoriser ni découverte ni imprévu ?
L'arc dans son dos pour ne pas la déséquilibrer, elle grimpa lentement, la pierre encore mouillée se faisant glissante, jusqu'à une corniche escarpée. Elle s'y installa, une poignée d'amandes et de noisettes posées à côté d'elle, une pierre plate pour casser les coques, de temps en temps, l'écho de chaque craquelure se répercutant dans la nuit, auquel semblait répondre une hulotte. Yohan ? Non. Une vraie hulotte, sans doute.
De là, l'attente patiente d'une brise venue disperser les nuages et dévoiler le Chasseur.
Une conversation muette pour quelques heures.

Pensée fugace parmi d'autres échangées avec Orion : Elle ramasserait tous les collets qu'elle trouverait, en ferait des tresses et finirait par garrotter ceux qui les posaient.
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Azmar
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02 mars 2016, 23:24

en passant dans les bois, le garde chasse aura remarqué les marques de chasses laissé derrière et probablement quelques pièges ça et la qu'il aura activé au passage, les laissant sur place. Il sera resté sans se cacher un moment près d'eux dos contre un arbre cherchant la personne qui y reviendrait...



________________

Quelque temps plus tard, ne voyant aucune ombre se rapprocher, il quitta les lieux tout en gardant l'oeil ouvert, pièges défait à la main.
Dernière édition par Azmar le 03 mars 2016, 13:34, édité 1 fois.
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Aizen
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03 mars 2016, 07:04

La lumière de la lune suffisait à sa musique. Le jour il marchait d'un bon pas, veillait à sa survie assurée par la viande crue. Le feu n'attirerait que trop d'attention. La nuit il pénétra dans cette forêt profonde, obscure, où poussaient et s'entrelaçaient les branches de ses pensées. Elles descendaient comme une fumée, pour s'abattre et tout noircir. Lui attendait le quart nocturne pour vraiment avancer.

L'homme des bois soufflait, un halètement bestial, brumeuse respiration. Il n'avait rencontré personne d'autre depuis quelques heures mais restait sur ses gardes. Les arbres étaient à présent plus clairsemés et d'avantage de buissons jonchaient le sol, puis l'escarpement rocheux apparut. Il faudrait être fou pour escalader pareil sommet. Il avait pris soin de sa blessure lorsqu'il avait vu de l'arnica en fleurs, celles-ci écrasées sur la plaie, retenues par un bout de cape suffirait sans doute pour la guérison. Néanmoins la douleur se faisait sentir mais il n'y pensait pas.

Il cherchait une entrée dans cette masse rocheuse, parfois difficile à trouver et il en profita pour faire des sillages dans lesquels il posa des collets. Occupé avec un fil, il leva un moment la tête croyant avoir entendu quelque chose mais vît plutôt une crevasse qui avait l'air assez large afin qu'il puisse s'y introduire. Il y entra, non sans mal et fît briller sa lumière afin d'y voir mieux. Des rats fuyants, certains enragés, mordant sa botte. Il les écrasa. Finalement les collets seraient quasiment inutiles vu le menu qu'il y avait ici. Il inspecta les parois où l'humidité semblait reluire et y appliqua ses torchons gardés dans son sac. Cela suffirait pour quelque temps. Il chercha de grosses pierres qui servirent à boucher l'entrée, puis il partit dans les profondeurs.

Nulle autre faille, il était bien enfermé. Il sortirait bientôt, lorsque sa plaie serait mieux. La ville n'était pas loin... Et ce serait une joie d'entrer quelque part, trancher la gorge d'un malheureux s'il avait la malchance d'être chez lui et piller ses réserves. Tout cela à la faveur de la nuit, dans les heures sombres. Pendant le sommeil agité des uns, où le doux repos des autres.

Il ricana, longtemps, trop longtemps. Il ne pouvait plus s'arrêter. Les sons se répercutaient en folie, tout autour de lui. Ils revenaient en plaintes déchirées, passaient dans l'air comme une musique affreuse. Et cela le faisait encore plus rire. Il ramassa un rat écrasé et mordit dedans, le sang chaud ruissela sur ses lèvres et son menton, dans son cou. Douce chaleur. Il arracha la peau, mâcha les muscles et broya les petits os. Crac... Son lustré qui lui arracha un tremblement, il tomba à genoux et continua de se nourrir, riant et mâchant, les mains brillantes du cruor répandu.

Il tomba sur le sac, épuisé, mais ne fermant qu'un oeil.

Entre deux buissons, à l'extérieur, un collet original fabriqué à l'aide de deux flèches, pointes brisées, orientées vers le fil, tenant par des racines souples.
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Héloïse
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03 mars 2016, 13:15

Des couinements enragés lui parvinrent, atténués. Une créature faisait sans doute festin ou ravage, là, dans la montagne. Les gerçures de la montagne, les creux, les voûtes en son sein étaient bons conducteurs sonores.
Elle fit silence pour mieux percevoir. Ce qui, un temps, avait été exercices pour apprendre et développer ses sens était depuis longtemps devenu instinctif.
Dans le même élan, une pièce d'or était apparue dans sa main. Déjà, elle la faisait tournoyer entre ses doigts. Le réflexe avant un pari-défi audacieux avec Yohan.
- Je te parie que tu cueilles pas cette pomme-là, dans le jardin du bourgmestre, celle tout en bout de la branche tordue, tu vois ?
- Je te parie qu'elle, t'arriveras pas à lui prendre son collier. Ouais, ok, même si elle dort. Ça comptera.
- Je te parie que tu manges pas la limace crue.
- Je te parie que je fais un Un.
La pensée lui fit offrir un demi-sourire amusé à Orion.
Elle crut soudain entendre des ricanements, proches et éloignés à la fois, la faisant se pencher en avant, curieuse. Ses doigts dérapèrent sur la roche glissante.

- Merde !
La pièce dégringola jusqu'en bas, tintant légèrement à chaque rebond. La cocasserie la fit rire.
- Si c'est lâché, c'est joué !
Elle balaya du plat de la main tous les débris de coquilles pour nettoyer la corniche, les réservant en petit tas dans un coin. Elle attendrait que la roche soit sèche, plus sûre, pour redescendre. Il lui restait quelques heures pour profiter, à la lune. Pas de bâtiments à l'horizon, aucun Homme. Juste la nature, ô combien résiliente. Ne manquait que ses réactions.
- Onodrim, Ravenwood... Le terrible Ent ne risquait pas d'entendre sa voix, d'ici. A moins que... Portée par les vents et la transe ? Les Esprits pouvaient-ils porter sa volonté jusqu'à lui ? Pas d'injonction. On n'enjoint pas la Nature, ni ses Esprits. On demande. Ils acceptent ou refusent mais qu'il serait prétentieux de penser avoir le droit de les commander. L'union est possible, toutefois. Un accord symbiotique, quand l'Homme accepte la place qui est la sienne.
Quelque chose dans l'air, l'atmosphère, l'empêchait d'approcher de la transe. Une tension sensible, perceptible, qui trompait la quiétude, interrompait même ses pensées.
La pluie avait cessé, il était temps. Elle se décala de quelques centimètres pour tracer un petit foyer avec des cailloux qui jonchaient la corniche. Elle plaça un peu d'amadou et de mousse en son centre. Bientôt les précieuses flammes jaillirent. Les coquilles brûleraient, la réchaufferaient un peu tout en éclairant le coin.
Un cigarillo. Odorant. Vanille. Il en restait encore quelques uns du dernier paquet chipé à Yohan.

La descente se fit un peu plus tard. Plus lente, plus précautionneuse que la montée.
Elle serait ailleurs pour le lever du soleil.
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Aizen
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03 mars 2016, 17:42

Il se réveilla au milieu de la nuit. Le son d'une bête hurlante l'avait tiré d'un cauchemar; Où tous les oiseaux de la terre volaient en cercle dans le ciel, infernale danse qui appelait les cieux à se mouvoir, comme si des montagnes dansaient là-haut. Les plus terrifiantes créatures sortaient de terre, ruisselantes d'un liquide sombre, tournoyaient sans cesse autour d'un énorme rocher qui perçait les nuages. Granit noir. Brillant et menaçant, comme s'Il allait s'abattre sur la terre pour la déchirer en deux. Un vent du nord, puissant mistral qui fonçait dans toutes les directions, ne cessait et augmentait de force à chaque instant. Une femme se tenait là, au pied de l'immense bloc, indifférente, sa robe noire déchirée claquant dans les rafales, comme sa longue chevelure noire. Ses yeux, fulgurants d'une lueur rouge, fixaient droit devant, Aizen, comme s'il se tenait là. Puis le son, la plainte douloureuse l'avait tiré du sommeil, ou plutôt de cette chimère.

Il tordit les torchons au dessus de son visage et but un peu de cette eau recueillie, goût minéral et poussiéreux. Il vérifia la blessure, ça allait mieux. Il pourrait sortir dans un moment, le temps de dégager l'entrée. Songeur, il besogna lentement, le silence n'étant troublé que par le bruit du roc et ses propres grondements d'estomac.

Vérifier les pièges...
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